Huit heures ce matin au marché Calvarrio, les mineurs prennent leur soupe avant de se rendre à leur mine ; nous nous joignons à eux. Cette soupe très complète leur permet de tenir pendant les 10 heures que dure leur travail. Cest loccasion pour eux de faire leurs dernières courses dans les petites cabanes qui longent le trottoir. Ils vont se procurer de la dynamite, des mèches, la recharge pour leur lampe à acétylène, et surtout lindispensable feuille de coca. Les mineurs se pressent autour des minibus qui les emmènent au pied du mont Cerro Rico.
Le mont Cerro Rico culmine à 4850 mètres. De son sommet, on peut admirer les lagunas verde et colorada. Malgré son altitude élevée, supérieure à celle du Mont Blanc, son sommet est rarement recouvert de neige. Il est très difficile de parler de températures, celles-ci varient de 0 à 10° C à lombre, alors quau soleil elles semblent dépasser les 30° C.
Les mines des mineurs indépendants se situent au-dessus de 4 300 mètres, là où les conditions sont les plus dures.
A 4 500 mètres, nous rencontrons Carlos devant sa mine. Il encadre une centaine de mineurs qui travaillent jour et nuit en deux équipes. Chacun vient travailler selon ses besoins, ils ne sont pas tenus dêtre présents tous les jours. Pendant une heure et demi, chaque mineur se prépare à son effort en mâchant de la coca.
LA COCA : se présente sous la forme de feuille séchée verte. Elle est issue de la plante dénommée coca, semée deux fois dans lannée. Elle permet à la personne qui la mâche longuement, en formant une boule dans le creux de sa joue, de lutter contre la fatigue. Cest aussi un excellent coupe-faim et soif. Elle a pour effet de leur faire oublier la dureté du travail. Sous cette forme, la coca ne peut pas être assimilée à une drogue contrairement à son dérivé chimique, la cocaïne. |
La mine senfonce à plus de trois kilomètres, où el Tio (le diable vénéré comme un dieu) surveille et protège les mineurs. Chacun lui fait une offrande de coca, dalcool ou de tabac pour obtenir ses faveurs. La mise en place de la dynamite se fait encore en grande partie à la main, parfois à laide doutils pneumatiques pour les veines principales. Tous les jours aux même heures, 13h00 et 18h00, les hommes évacuent les galeries avant lexplosion. La personne qui allume la mèche dispose dune minute pour se mettre à couvert.
Deux heures après, lextraction du minerai se fait à dos dhommes, en brouette ou en chariot pour les mines les mieux équipées. Le minerai extrait contient principalement de largent et de létain, parfois du cuivre, du bronze et du zinc.
Le minerai est vendu à la tonne par la coopérative qui assure la mise en commun des moyens dexploitation (matériel pneumatique, récupération des minerais, camions ). En cas daccident ou de maladie, le mineur est pris en charge.
Le revenu des indépendants est directement lié à la qualité et à la quantité du minerai extrait. Juan, jeune mineur de vingt ans, gagne actuellement environ 800 bolivianos par mois. Il nous confie : "Depuis trois ans que je travaille ici, jai de la chance car le filon est bon. Cela me permet de bien gagner ma vie".
Le salaire moyen à Potosi est de 500 bolivianos. Le salaire le plus faible est celui des instituteurs 250 bolivianos.